Bien que la réaction initiale du marché puisse être émotive, le calcul final doit être fondé sur les dommages tangibles. L’argent n’est perdu que lorsque le capital est détruit. Posez-vous donc la question suivante : quels actifs réels sont détruits? Au-delà de l’aspect physique, nous devons également tenir compte des effets des sanctions financières, comme celles qui ont paralysé l’économie russe et tenté de déstabiliser le contrôle de Poutine à l’intérieur du pays. Bien que ces sanctions soient censées être temporaires afin d’encourager le retrait de la Russie de l’Ukraine, des entreprises individuelles se sont prises en main pour cesser de faire des affaires en Russie. Prenons par exemple la décision de British Petroleum de se départir de sa participation de 19,75 % dans le géant énergétique russe Rosneft, ce qui a coûté jusqu’à 25 milliards de dollars (Source : site Web d’entreprise de BP, 27 février 2022), McDonald’s, qui a fermé ses 850 établissements en Russie (Source : site Web de McDonald’s, 8 mars 2022), ou des banques comme Société Générale, Goldman Sachs et Deutsche Bank, qui mettent fin à leurs activités en guise de protestation contre la guerre (Source : The New York Times, 9 mars 2022). Ces actions doivent être considérées comme permanentes plutôt que temporaires.
Guide du gestionnaire de portefeuille sur la guerre et les conflits
Steve Shepherd, CFA
Gestionnaire de portefeuille, Répartition de l’actif
Entre deux groupes de personnes qui veulent faire des choix incohérents,
je ne vois pas d’autre solution que la force. » ― Oliver Wendell Holmes Jr.
Leçons tirées de l’histoire
La guerre est une tragédie, du début à la fin. Les conséquences sur le plan humain, c’est-à-dire les pertes de vie et les horreurs vécues, dépassent tous les calculs que nous, les professionnels en placement, pouvons espérer faire. En tant que gestionnaires d’actifs, notre rôle consiste à gérer les risques et à traverser les périodes d’incertitude au nom de nos clients, dont bon nombre ont la même obligation fiduciaire de protéger le capital dans les portefeuilles qu’ils gèrent. Dans cet esprit, le présent article examinera :
Nous examinons 22 événements majeurs qui ont eu lieu de 1941 à 2021 (Tableau 1), mesurant la baisse en pourcentage de l’indice S&P 500 entre l’événement déclencheur et le creux du marché, ainsi que le nombre de jours qu’il a fallu à ce dernier pour se redresser. Les données révèlent une tendance claire : les marchés réagissent souvent rapidement en cas de conflit, se repliant dès les premières secousses avant de rebondir lorsque le choc initial s’estompe. En fait, nos recherches montrent que la durée moyenne de la réaction du marché à sa reprise est d’environ 42 jours. (Source : LPL Research, S&P Dow Jones Indices, CFRA).
Tableau 1 - Répercussions de la guerre sur les marchés boursiers
Source : LPL Research, S&P Dow Jones Indices, CFRA.
Question 1 : Quelle était l’humeur des marchés avant?
Les événements à la une, comme la guerre en Ukraine, sont si surprenants et perturbateurs qu’ils peuvent souvent amener les investisseurs à oublier la trajectoire antérieure des marchés en faveur de l’immédiat. On peut avoir tendance à considérer l’événement isolément plutôt que comme un seul point de données dans une série plus longue, ce qui, bien entendu, est le cas pour tout nouveau développement macroéconomique. Les marchés réagissent toujours en fonction d’un scénario préexistant. Si l’économie mondiale se porte bien, le coup est amorti. Si les prix des actifs chutent, la baisse s’inscrit dans la tendance. Les réactions des investisseurs face à la guerre ne sont jamais dénuées de contexte; les conflits ne font qu’amplifier le sentiment qui existait au départ.
Le tableau 2 ci-dessous montre la baisse du marché avant et après les attentats du 11 septembre. Le repli de l’indice S&P 500 en septembre a été marqué par une forte baisse des cours boursiers, qui étaient déjà à la baisse. Les actions américaines étaient en baisse depuis juillet, lorsque la bulle Internet a éclaté et a mis au jour des problèmes systémiques liés aux émissions de titres technologiques sur le marché boursier. En fait, l’ensemble du marché a reculé de près de 50 % par rapport à son sommet au moment de l’attaque. De même, la réaction des investisseurs à l’égard de la Russie et de l’Ukraine a été qualifiée de grave, mais l’indice S&P n’a jamais reculé de plus de 3 % à la clôture quotidienne. Était-ce trop dur? Certaines catégories d’actif ont été plus durement touchées, comme les obligations et les actions russes, mais les chiffres souvent cités depuis le début de l’année comprennent les pertes de janvier qui ont précédé l’invasion.
Tableau 2 - Baisse par rapport au sommet (%)
Source : Refinitiv, Capital Economics.
Question 2 : Dans quelle mesure les pays impliqués sont-ils essentiels à l’économie mondiale?
Une autre réalité malheureuse des conflits est que tous les pays n’ont pas la même incidence sur l’économie mondiale. Il existe des différences énormes entre les pays développés et les pays en développement, et si l’on va encore plus loin, chaque pays a sa propre empreinte dans le monde du commerce international. Par exemple, si une économie dispose de la totalité d’un actif à l’échelle mondiale – disons, le néon nécessaire pour les puces des ordinateurs –, l’éclatement de la guerre dans cette région aurait de graves répercussions sur les chaînes d’approvisionnement technologiques. C’était le cas en Ukraine. Pire encore, le réseau énergétique européen est fortement tributaire de la Russie, qui répond à plus de 40 % des besoins de pétrole et de gaz naturel du continent (Source : Agence internationale de l’énergie, 3 mars 2022), en plus de son statut d’important exportateur de blé et de nickel (Source : Douglas Broom). Une fois que le conflit a véritablement commencé, il est devenu évident qu’une grande partie de l’Europe aurait besoin de trouver d’autres sources d’électricité ou d’autres moyens de faire face à une inflation énergétique extrême.
Question 3 : Quel est le pire résultat possible?
Bien que la réaction initiale du marché puisse être émotive, le calcul final doit être fondé sur les dommages tangibles. L’argent n’est perdu que lorsque le capital est détruit. Posez-vous donc la question suivante : quels actifs réels sont détruits? Au-delà de l’aspect physique, nous devons également tenir compte des effets des sanctions financières, comme celles qui ont paralysé l’économie russe et tenté de déstabiliser le contrôle de Poutine à l’intérieur du pays. Bien que ces sanctions soient censées être temporaires afin d’encourager le retrait de la Russie de l’Ukraine, des entreprises individuelles se sont prises en main pour cesser de faire des affaires en Russie. Prenons par exemple la décision de British Petroleum de se départir de sa participation de 19,75 % dans le géant énergétique russe Rosneft, ce qui a coûté jusqu’à 25 milliards de dollars (Source : site Web d’entreprise de BP, 27 février 2022), McDonald’s, qui a fermé ses 850 établissements en Russie (Source : site Web de McDonald’s, 8 mars 2022), ou des banques comme Société Générale, Goldman Sachs et Deutsche Bank, qui mettent fin à leurs activités en guise de protestation contre la guerre (Source : The New York Times, 9 mars 2022). Ces actions doivent être considérées comme permanentes plutôt que temporaires.
Les réactions des investisseurs face à la guerre ne sont jamais
dénuées de contexte; les conflits ne font qu’amplifier le sentiment qui existait au départ.
Comprendre ce qui est vraiment important
À propos de l’auteur
Avis
Articles sur des sujets connexes
Les petites banques en grand péril
En savoir plus »Un hiver ponctué de surprises ensoleillées
En savoir plus »Dix grandes tendances en matière de placement pour 2023
En savoir plus »De l’inflation à la récession
En savoir plus »Jouer le jeu de la Fed
En savoir plus »Les tensions géopolitiques assombrissent les perspectives, mais ne sous-estimez pas la résilience de l’économie mondiale
En savoir plus »