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Guide du gestionnaire de portefeuille sur la guerre et les conflits

Compte tenu de la récente invasion de l’Ukraine par la Russie, les investisseurs institutionnels remettent encore une fois en question la relation historique entre la guerre et les marchés de capitaux.
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avril 2022
Steve Shepherd, CFA

Steve Shepherd, CFA

Gestionnaire de portefeuille, Répartition de l’actif

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Compte tenu de la récente invasion de l’Ukraine par la Russie, les investisseurs institutionnels remettent encore une fois en question la relation historique entre la guerre et les marchés de capitaux. En réponse, Steve Shepherd, directeur général et gestionnaire de portefeuille au sein de l’équipe Solutions d’investissement multiactif de BMO, propose une feuille de route pratique pour gérer les risques géopolitiques au sein des portefeuilles.

Entre deux groupes de personnes qui veulent faire des choix incohérents,
je ne vois pas d’autre solution que la force. » ― Oliver Wendell Holmes Jr.​

Leçons tirées de l’histoire​

La guerre est une tragédie, du début à la fin. Les conséquences sur le plan humain, c’est-à-dire les pertes de vie et les horreurs vécues, dépassent tous les calculs que nous, les professionnels en placement, pouvons espérer faire. En tant que gestionnaires d’actifs, notre rôle consiste à gérer les risques et à traverser les périodes d’incertitude au nom de nos clients, dont bon nombre ont la même obligation fiduciaire de protéger le capital dans les portefeuilles qu’ils gèrent. Dans cet esprit, le présent article examinera :

  1. les répercussions historiques de la guerre sur les marchés des capitaux;
  2. le cadre général que nous utilisons pour tenir compte du pouvoir perturbateur d’un conflit

Nous examinons 22 événements majeurs qui ont eu lieu de 1941 à 2021 (Tableau 1), mesurant la baisse en pourcentage de l’indice S&P 500 entre l’événement déclencheur et le creux du marché, ainsi que le nombre de jours qu’il a fallu à ce dernier pour se redresser. Les données révèlent une tendance claire : les marchés réagissent souvent rapidement en cas de conflit, se repliant dès les premières secousses avant de rebondir lorsque le choc initial s’estompe. En fait, nos recherches montrent que la durée moyenne de la réaction du marché à sa reprise est d’environ 42 jours. (Source : LPL Research, S&P Dow Jones Indices, CFRA).

Tableau 1 - Répercussions de la guerre sur les marchés boursiers

Source : LPL Research, S&P Dow Jones Indices, CFRA.

Un autre élément à retenir est que les conflits prennent différentes formes et proviennent de différentes origines. Par exemple, l’attentat de Boston n’est pas un indicateur suffisant pour comprendre les nuances de la guerre du Kippour, et vice versa. Même lorsque les caractéristiques sous-jacentes sont similaires, il est utile de se rappeler que l’analogie ne va pas plus loin. La récente invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait ressembler à l’invasion du Koweït par l’Irak, par exemple, étant donné qu’il s’agit dans les deux cas d’accaparements de terres provoqués par des leaders autocratiques dans des régions du monde riches en pétrole. Mais la Russie n’est pas l’Irak, et l’Ukraine n’est pas le Koweït. La Russie joue un rôle beaucoup plus important dans l’économie mondiale que l’Irak à l’époque, et le profil d’exportation de l’Ukraine diffère sensiblement de celui du Koweït, sans compter que le monde est très différent aujourd’hui qu’il l’était au début des années 1990.  
Cela dit, il existe des paramètres communs pour tous les conflits géopolitiques. Les questions que nous nous posons dès le début d’un conflit nous permettent de situer l’événement dans son contexte et, avec un peu de chance, d’aider à garder la tête froide dans notre prise de décision tactique.

Question 1 : Quelle était l’humeur des marchés avant?​

Les événements à la une, comme la guerre en Ukraine, sont si surprenants et perturbateurs qu’ils peuvent souvent amener les investisseurs à oublier la trajectoire antérieure des marchés en faveur de l’immédiat. On peut avoir tendance à considérer l’événement isolément plutôt que comme un seul point de données dans une série plus longue, ce qui, bien entendu, est le cas pour tout nouveau développement macroéconomique. Les marchés réagissent toujours en fonction d’un scénario préexistant. Si l’économie mondiale se porte bien, le coup est amorti. Si les prix des actifs chutent, la baisse s’inscrit dans la tendance. Les réactions des investisseurs face à la guerre ne sont jamais dénuées de contexte; les conflits ne font qu’amplifier le sentiment qui existait au départ.


Le tableau 2 ci-dessous montre la baisse du marché avant et après les attentats du 11 septembre. Le repli de l’indice S&P 500 en septembre a été marqué par une forte baisse des cours boursiers, qui étaient déjà à la baisse. Les actions américaines étaient en baisse depuis juillet, lorsque la bulle Internet a éclaté et a mis au jour des problèmes systémiques liés aux émissions de titres technologiques sur le marché boursier. En fait, l’ensemble du marché a reculé de près de 50 % par rapport à son sommet au moment de l’attaque. De même, la réaction des investisseurs à l’égard de la Russie et de l’Ukraine a été qualifiée de grave, mais l’indice S&P n’a jamais reculé de plus de 3 % à la clôture quotidienne. Était-ce trop dur? Certaines catégories d’actif ont été plus durement touchées, comme les obligations et les actions russes, mais les chiffres souvent cités depuis le début de l’année comprennent les pertes de janvier qui ont précédé l’invasion.

Tableau 2 - Baisse par rapport au sommet (%)

Source : Refinitiv, Capital Economics.

Question 2 : Dans quelle mesure les pays impliqués sont-ils essentiels à l’économie mondiale?

Une autre réalité malheureuse des conflits est que tous les pays n’ont pas la même incidence sur l’économie mondiale. Il existe des différences énormes entre les pays développés et les pays en développement, et si l’on va encore plus loin, chaque pays a sa propre empreinte dans le monde du commerce international. Par exemple, si une économie dispose de la totalité d’un actif à l’échelle mondiale – disons, le néon nécessaire pour les puces des ordinateurs –, l’éclatement de la guerre dans cette région aurait de graves répercussions sur les chaînes d’approvisionnement technologiques. C’était le cas en Ukraine. Pire encore, le réseau énergétique européen est fortement tributaire de la Russie, qui répond à plus de 40 % des besoins de pétrole et de gaz naturel du continent (Source : Agence internationale de l’énergie, 3 mars 2022), en plus de son statut d’important exportateur de blé et de nickel (Source : Douglas Broom). Une fois que le conflit a véritablement commencé, il est devenu évident qu’une grande partie de l’Europe aurait besoin de trouver d’autres sources d’électricité ou d’autres moyens de faire face à une inflation énergétique extrême.

Lorsqu’on évalue les répercussions d’un conflit, la taille est également importante. Les pays dotés d’une population et d’un territoire importants sont plus préoccupants en raison de l’ampleur d’une guerre potentielle, comparativement aux pays plus petits qui sont éloignés sur le plan géographique et économique.

Question 3 : Quel est le pire résultat possible?

Enfin, nous nous soumettons à de sombres expériences de réflexion pour voir à quoi ressemblent les extrémités de la courbe des possibilités. À moins d’une guerre nucléaire, le pire scénario imaginable est celui où les États-Unis et la Chine amorcent un conflit militaire à grande échelle (une éventualité que nous avons pu entrevoir pendant la guerre commerciale déclenchée par le président Trump). Toutefois, la plupart des conflits ne seront pas de cette ampleur; ils seront probablement limités aux conflits territoriaux dont les retombées se limiteront à la région. Néanmoins, l’exercice nous aide à établir des objectifs avec ces probabilités aberrantes au cas où la situation échapperait à notre contrôle.

Bien que la réaction initiale du marché puisse être émotive, le calcul final doit être fondé sur les dommages tangibles. L’argent n’est perdu que lorsque le capital est détruit. Posez-vous donc la question suivante : quels actifs réels sont détruits? Au-delà de l’aspect physique, nous devons également tenir compte des effets des sanctions financières, comme celles qui ont paralysé l’économie russe et tenté de déstabiliser le contrôle de Poutine à l’intérieur du pays. Bien que ces sanctions soient censées être temporaires afin d’encourager le retrait de la Russie de l’Ukraine, des entreprises individuelles se sont prises en main pour cesser de faire des affaires en Russie. Prenons par exemple la décision de British Petroleum de se départir de sa participation de 19,75 % dans le géant énergétique russe Rosneft, ce qui a coûté jusqu’à 25 milliards de dollars (Source : site Web d’entreprise de BP, 27 février 2022), McDonald’s, qui a fermé ses 850 établissements en Russie (Source : site Web de McDonald’s, 8 mars 2022), ou des banques comme Société Générale, Goldman Sachs et Deutsche Bank, qui mettent fin à leurs activités en guise de protestation contre la guerre (Source : The New York Times, 9 mars 2022). Ces actions doivent être considérées comme permanentes plutôt que temporaires.

Les réactions des investisseurs face à la guerre ne sont jamais
dénuées de contexte; les conflits ne font qu’amplifier le sentiment qui existait au départ.​

Comprendre ce qui est vraiment important

Il est extrêmement rare que les investisseurs connaissent immédiatement les véritables répercussions de la guerre. L’incertitude provoque la première onde de choc, mais une fois la poussière retombée, seuls les changements importants dans le monde déterminent les valorisations à long terme. Qu’il s’agisse de destruction physique ou de sanctions financières, ou même de l’existence d’une incertitude accrue, nous devons déterminer les conséquences économiques qui se répercuteront sur l’ensemble du monde et qui influenceront la valeur intrinsèque, car ces facteurs détermineront les rendements. Au bout du compte, nous devons gérer activement nos impulsions naturelles et nous poser la question suivante : qu’est-ce que cela changera dans le monde.

À propos de l’auteur

Steve Shepherd, CFA, gestionnaire de portefeuille, Répartition de l’actif, BMO Gestion d’actifs inc.
Steven Shepherd, qui compte plus de 20 ans d’expérience dans le secteur des placements, est actuellement gestionnaire de portefeuille et stratège en placement. Il se concentre principalement sur la répartition de l’actif des fonds de fonds de BMO Gestion d’actifs inc. Il a occupé des postes de direction en vente et en développement de produits, plus récemment à titre de vice-président, Fonds d’actions à BMO Investissements Inc. Il était chargé de surveiller les fonds d’actions de la Banque, ce qui englobait la diligence raisonnable, l’analyse des rendements et les commentaires sur les marchés. M. Shepherd est titulaire d’un HBA de la Richard Ivey School of Business de l’Université Western Ontario et détient le titre de CFA.

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