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La biodiversité, c’est la diversité de la vie sur la Terre. C’est la nature sous toutes ses formes et ses interactions, des gènes aux espèces en passant par des écosystèmes entiers comme les forêts tropicales et les récifs coralliens. La biodiversité est essentielle à la vie des êtres humains. L’air que nous respirons, l’eau que nous buvons et les aliments que nous mangeons en dépendent tous. C’est aussi un rouage essentiel de l’économie de la planète : à peu près la moitié du PIB mondial dépend fortement ou modérément de la biodiversité. Or, les êtres humains détruisent la biodiversité à une échelle qui pousse la nature au bord de l’effondrement.
Comment pouvons-nous mesurer la perte de biodiversité?
Mesurer la biodiversité est un exercice complexe qui ne peut pas se limiter à une simple somme, mais les éléments suivants sont de bons indicateurs :
- Ce que l’humanité exige de la nature surpasse désormais la capacité de notre planète à se régénérer naturellement. Le Global Footprint Network estime que nous utilisons autant de ressources écologiques que si nous vivions sur 1,6 Terre.
- Le Rapport Planète Vivante 2020 parle d’un déclin moyen de 68 % des populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons entre 1970 et 2016. Ce chiffre est pour le moins inquiétant, et il n’aborde même pas la situation de millions d’autres animaux, végétaux et sols actuellement en péril.
Qu’est-ce qui provoque la perte de biodiversité?
La perte de biodiversité a commencé à s’intensifier durant la révolution industrielle du XVIIIe siècle, mais dans les 50 dernières années, elle est devenue intenable, ce qui explique les chiffres désolants mentionnés ci-dessus. L’expansion du commerce international, l’augmentation des niveaux de consommation, la croissance de la population humaine et l’urbanisation rapide sont considérées comme des facteurs indirects de la perte de biodiversité, mais il ne faut pas se leurrer : ce sont d’énormes transformations des valeurs et des comportements humains qui ont une incidence sur les facteurs qui expliquent directement la perte de biodiversité, par exemple les changements dans la façon dont nous utilisons la terre et la mer, l’exploitation des habitats naturels, les changements climatiques et la pollution.
Pourquoi est-il si important de protéger la biodiversité?
La perte de biodiversité est un enjeu aux multiples ramifications qui compromet sérieusement la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies. Nous ne pourrons pas lutter contre les changements climatiques si nous continuons à détruire nos forêts et nos récifs coralliens, car ceux-ci contribuent à réguler la température de notre planète, nous ne pourrons pas enrayer la faim si la nourriture se fait plus rare et nous pourrons dire adieu à la baisse des inégalités, car la perte de biodiversité nuit particulièrement aux gens les plus pauvres, qui en dépendent.
Nous devons aussi faire participer les Autochtones à nos démarches. Ces gens représentent moins de 5 % de la population mondiale, mais ils protègent 80 % de la biodiversité, et toute dégradation des écosystèmes dans lesquels ils vivent menace leurs moyens de subsistance et leur bien-être tout en portant gravement atteinte à leurs droits à la terre. La perte de biodiversité est également un enjeu lié au sexe. Dans de nombreuses communautés rurales et autochtones, les femmes sont les grandes gardiennes des terres et des ressources, elles qui ont une vaste connaissance de leurs écosystèmes. Tous les dommages causés à leur environnement peuvent avoir des répercussions particulièrement négatives pour elles. Par ailleurs, les Autochtones et les femmes sont encore sous-représentés dans la prise des décisions en matière d’environnement et de développement durable. Tenir compte de leurs points de vue et veiller à ce qu’ils prennent part aux décisions pourraient contribuer à trouver de meilleures solutions.
Accélérer la cadence dans le secteur des placements
Il faut absolument que la perte de biodiversité soit prise en considération dans les programmes de placement. On peine toutefois encore à comprendre certains aspects de la science entourant la biodiversité, la mesure dans laquelle les activités d’affaires et les décisions de placement influent sur la nature ou dépendent de celle-ci et les risques qui sont associés à la biodiversité.
Un accord plus universel sur la façon de divulguer les dépendances et les répercussions liées à la nature aiderait les investisseurs à déterminer quelles entreprises sont les plus soucieuses de la biodiversité et lesquelles ne s’en préoccupent pas encore et il faudrait interpeller pour entraîner des changements positifs. C’est une idée qui a été lancée par le groupe de travail sur les informations financières liées à la nature (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures).
Par ailleurs, les événements tragiques survenus dernièrement nous ont montré à quel point notre quotidien dépend des aléas de la nature. Les nombreux feux de forêt récents et, bien sûr, la COVID-19 ont un lien avec les activités humaines qui entraînent une dégradation de l’environnement et ils ont eu des effets négatifs directs sur la société et l’économie.
Nous sommes aussi de plus en plus conscients des énormes occasions de placement qui s’offrent à nous : la transition à une économie respectueuse de l’environnement pourrait engendrer des retombées allant jusqu’à 10 100 milliards de dollars US et créer près de 400 millions d’emplois d’ici 2030. On assiste déjà à une multiplication du nombre de solutions technologiques créatives. Il y en a de toutes les sortes, des drones qui plantent des arbres aux satellites qui surveillent des espèces animales. Parallèlement à cela, des pratiques agricoles régénératrices viennent améliorer les sols, protéger l’environnement et renforcer les services écosystémiques.
Prôner des systèmes alimentaires durables
Le système alimentaire mondial est le principal responsable de la perte de biodiversité. On doit donc s’y attaquer de toute urgence. Pour contribuer à entraîner des changements positifs, nous participons à l’initiative en faveur des forêts durables (Investor Initiative for Sustainable Forests) des Principles for Responsible Investment (PRI) des Nations Unies et de Ceres ainsi qu’au groupe de travail sur l’huile de palme durable des PRI (les deux sont en cours de transformation en nouvelles initiatives). En 2020, nous avons incité 52 entreprises à favoriser des pratiques plus durables en matière de production et de consommation alimentaires. Lisez nos Perspectives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) pour en savoir plus et connaître nos principales constatations. Nous sommes aussi membres de la FAIRR Initiative, un réseau d’investisseurs qui, ensemble, sensibilisent des détaillants et des producteurs alimentaires aux risques et aux occasions liés aux enjeux ESG qui découlent de la production intensive de bétail. Consultez ce balado (en anglais seulement) pour en savoir plus sur cette initiative.
Prochaines étapes
The Dasgupta Review recommande l’intégration de la valeur des biens et des services de la nature dans les systèmes comptables ainsi qu’un rééquilibrage de l’économie pour veiller à ce que la demande envers la nature ne dépasse pas son offre durable. Nous utiliserons les conclusions du rapport pour orienter nos efforts de mobilisation en faveur de l’évaluation des actifs et des services écosystémiques dans le cadre des stratégies de biodiversité des entreprises.
Cette année, nous poursuivons nos démarches auprès de l’industrie alimentaire et nous étendrons notre dialogue à des entreprises d’autres secteurs à forte incidence environnementale, notamment ceux des produits domestiques et des soins personnels, de l’extraction des ressources et des produits chimiques. Nous allons chercher à évaluer les entreprises en fonction de leur approche globale à l’égard de la biodiversité, à comprendre comment les modèles d’affaires dépendent de la biodiversité et des écosystèmes et à atténuer les répercussions environnementales. Nous nous intéresserons tout particulièrement à la diminution de la déforestation et aux changements dans l’utilisation des terres en lien avec la production agricole, l’exploitation minière et les activités connexes, à l’utilisation responsable des pesticides pour prévenir le déclin de la biodiversité terrestre et aquatique ainsi qu’à la gestion des déchets pour lutter contre la pollution de l’air, de la terre, de l’eau et de la mer.

Pour redresser la barre, il faudra que tous les pays de la Terre collaborent entre eux. Des accords internationaux seront nécessaires pour changer nos façons de faire. Chaque écosystème a ses propres vulnérabilités et exige ses propres solutions. Tout le monde doit comprendre le fonctionnement de ces systèmes et savoir comment ceux qui ont été endommagés peuvent être rétablis.
David Attenborough, The Dasgupta Review, 2021
Vous voulez en savoir plus? Consultez les sources ci-dessous pour poursuivre votre lecture.
Rapport Planète Vivante 2020 – Rapport du Fonds mondial pour la nature qui montre à quel point nous avons rompu avec la nature.
Beyond ‘Business as Usual’: Biodiversity Targets and Finance – Rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur la nécessité que le secteur financier prenne des mesures en faveur de la biodiversité.
Objectifs de développement durable des Nations Unies – Site Web officiel des 17 objectifs qui doivent permettre de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Décennie pour la restauration – Site Web officiel de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.
Convention sur la diversité biologique – Site Web officiel du Secrétariat de la CDB.
Nature is too big to fail – Rapport de PwC Suisse et de la section suisse du Fonds mondial pour la nature sur les risques financiers croissants associés à la perte de biodiversité.
Nature Risk Rising – Rapport du Forum économique mondial sur les raisons pour lesquelles la crise liée à la détérioration de la nature est importante pour les entreprises et l’économie.
Global Footprint Network – Ressource utile pour en apprendre davantage sur l’empreinte écologique et savoir comment la calculer.
Task Force on Nature-related Financial Disclosures – Groupe de travail qui cherche à améliorer les données financières liées à la nature et à la biodiversité.
The Economics of Biodiversity: The Dasgupta Review – Étude indépendante du Trésor du Royaume-Uni sur les enjeux économiques liés à la biodiversité.
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